J’ai fait un rêve…
J’avais sept ans. Une soirée grise de novembre 1930. Mon père, officier de carrière, me tenait sur ses genoux et me racontait ses années de guerre, me décrivait les combats qu’il avait vécu pendant plus de quatre ans, les gaz, les tranchées, le Boyau de la Mort, la boue, ainsi que ses camarades qui nombreux étaient tombés à ses côtés. Sans cesse, il me répétait ces mots : Pourquoi eux et pas moi ?
Il évoquait cette journée du 11 novembre 1918 où, quelques minutes avant que ne retentissent les sonneries du clairon annonçant la fin des hostilités son meilleur camarade avait été tué. Pour ce qui le concernait, le sort en avait décidé autrement. Il survivrait à quatre années de souffrances et de misères. Il me disait aussi l’intensité de ses espoirs déçus au retour de la guerre ainsi que ses déceptions face à l’indifférence.
Plus jamais çà avaient dit nos Jass et les Poilus !
Hélàs, la grande crise économique de 1929 avait déjà bouleversé le monde bien plus que n’avait pu le faire la guerre elle-même. Des chômeurs par milliers, la pauvreté partout, telle était l’image de cette année 1930. La misère qu’enduraient les classes laborieuses ne justifiait pas les sacrifices consentis par celle-ci au cours de la guerre qui venait à peine de finir. Les drames sociaux, partout dans le monde, étaient
nombreux et rien ou pas grand chose n’était fait pour y remédier. Les scandales financiers, dans lesquels étaient presque toujours impliquées la classe politique au pouvoir et la soi-disante élite, étaient nombreux. Rappelons-nous l’affaire Stavisky en France et celle du Crédit Anversois ( Sap ) chez nous. En même temps, un membre dirigeant de l’Action Catholique, soutenue par le clergé et le parti catholique
lui-même, Léon DEGRELLE pour ne pas le citer, menait une campagne virulente contre ces scandales, dans l’hebdomadaire REX, organe de ladite Action Catholique mais qu’il avait détourné à son profit. Qui des anciens ne se rappellera pas les titres de son journal LE PAYS REEL ! Au loin cependant, en Europe, se dessinait déjà la menace d’un mouvement politico-nationaliste et social d’extrême droite, assez bizarrement issu des tréfonds du parti socialiste, par l’avènement au pouvoir, en Italie, avec le soutien de l’élité conservatrice de ce pays, de Bénito MUSSOLINI, suivi quelques années plus tard, par des voies cependant dites démocratiques, d’Adolf HITLER, démagogue d’origine autrichienne. DEGRELLE quant à lui n’était pas loin de la trahison …
PLUS JAMAIS CA, M’AVAIT DIT MON PERE, TOUT COMME D’AILLEURS TOUS CEUX QUI AVAIENT VECU LES ATROCITES DU RECENT CONFLIT !
Pauvres naïfs ……..
De plus, depuis 1917, sévissait à l’Est une dictature, prétendûment celle du peuple, toute aussi sanglante.
Ces trois dictatures, bien qu’apparamment hostiles, rassemblèrent bientôt sous leurs bannières des millions d’hommes, profitant de leur misère que les pays soi-disant démocratiques se montraient incapables de juguler. Ceux-ci au contraire se vautraient dans la licence, la luxure, la corruption et la cupidité, réprimant
même parfois brutalement les revendications justifiées de la masse populaire ( voir les grèves du Borinage ). Même les coups de force répétés d’HITLER ( réoccupation de la Rhénanie, viol du territoire tchéco-slovaque, Anschluss ) ainsi que ceux de son acolyte MUSSOLINI ( guerre d’Abyssinie ) n’ouvriront pas les yeux des dirigeants occidentaux. Au contraire, on les vit s’avilir, en 1938, cédant devant les exigences des potentats hitlériens et fsacistes ( conférence de Munich ). Neville CHAMBERLAIN revint à Londres en affirmant avoir sauvé la paix du monde pour au moins cent ans !
Et puis, la guerre est venue ..et ce malgré les objurgations éclairées de notre Souverain, le Roi Léopold III, lesquelles ne furent même pas entendues.
La guerre inéluctablement est venue, les marées rouges et brunes dépeçaient, de manière ignoble, la Pologne. Puis vint le tour, en avril 1940, de la Norvège et du Danemark, l’impréparation et l’incurie des dirigeants occidentaux se manifestant à nouveau. Seule la petite et héroïque petite Finlande résista à l’envahisseur
rouge venu de l’Est mais bientôt lâchement abandonnée par les alliés occidentaux.
Puis, le 10 mai 1940, vint le tour de notre Pays, de la Hollande et du Luxembourg. L’invicible armée française, tout comme en 1870, était, dès les premiers jours de la campagne, défaite dans les Ardennes et plus précisément à Sedan, l’hypothétique ligne Maginot étant ainsi contournée et ouvrant ainsi toute grande la porte vers la mer à l’ennemi. Sans une erreur d’Hitler, lequel renonçait d’attaquer l’Angleterre,
la guerre eut été finie !
Dans un combat courageux de dix-huit jours, notre Armée, bien que déjà minée par quelques rares nationalistes flamands qui, déjà, avaient choisi leur camp et abandonnée par les forces franco-britanniques en débandade, parvint à arrêter l’ennemi, supérieur en hommes et matériel, sur la Lys, où nos vaillants Chasseurs Ardennais s’illustrèrent d’ailleurs, permettant ainsi aux forces dites alliées qui nous avait abandonnées de rejoindre Dunkerque et sauvant la plus grande partie du corps expéditionnaire britannique. Ensuite, dans un gesté désespéré, abandonné par ses Ministres, notre Roi Léopold III décida, à juste titre, de mettre fin à un combat inégal, de ne pas fuir et de ne pas abandonner ses troupes, dans le seul but d’éviter le bain de sang qui menaçait dans le réduit de La Panne où quatre millions de civils circulaient. En agissant cmme il l’a fait, il a incontestablement sauvé des milliers de vies humaines innocentes. Que personne ne l’oublie ….. J’étais parmi elles !
J’AI FAIT UN REVE …
PLUS JAMAIS CELA !
Je ne reviendrai pas ici sur la guerre elle-même, tout en rappelant cependant les privations, les massacres, les tueries immondes d’inNocents, femmes, enfants et vieillards, perpétrés de sang froid par des hordes sanguinaires, l’appt du gain, le profit étant érigé en principe. Par contre, je me revois dans la clandesnité, dans nos forêts ardennaises, démuni de tout, presque sans armes, mais poursuivant cependant le combat. Mais ce que l’on ne savait pas encore et qu’on allait bientôt découvrir, en mai 21945, c’était l’horreur des camps de concentrations nazis, leurs charniers et leurs chambres à gaz de même que les goulags de Sibérie où tant d’innocents furent sacrifiés par HITLER et STALINE et leurs séides.
Une fois encore, je ne puis que répété ce que mon père me disait en 1930 : PLUS JAMAIS CA !
Et qu’a-t-on vu ? De multiples conflits locaux que des institutions telles que l’ONU sont dans l’incapacité d’éviter ou de règler. Une misère intense dans le Tiers-Monde.
On nous parlait d’humanisme, de démocratie et des Droits de l’Homme ! Naîfs que nous sommes, nous y avons cru un moment. Jamais la puissance de l’argent n’a été aussi forte, celui-ci affirmant sa primauté dur l’Homm. Un monde matérialiste s’est créée.
J’ai cependant fait un nouveau rêve ….. Celui qu’au moins celà change dans mon Pays, la Belgique, pour laquelle j’ai tant donné. Illusion ou naïveté peut-être, mais volonté quand même. J’ai fait ce rêve dont probablement, vu mon âge, je ne verrai jamais la réalisation mais au moins aurai-je peut-être donné à quelques uns l’espoir d’un monde meilleur.
PLUS JAMAIS CA !
En cette veillée du 11 novembre 2003, laquelle, en 1918, aurait dû être celle de la PAIX défintive et universelle, j’ai fait ce rêve …
Carlos VAN CAENEGHEM